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Jour de la Libération – Quand une salve tarifaire sans précédent a plongé le monde dans une guerre commerciale totale (temporaire ?)

  • alionacoslet
  • 13 août
  • 3 min de lecture
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Le 9 avril, le taux moyen des droits de douane à l’importation des États-Unis atteindra son plus haut niveau depuis les années 1890 : 20,6 %. Certains pays ont riposté, d'autres ont négocié. L’environnement restera incertain, augmentant le coût de cette incertitude.


Les droits de douane minimaux universels à 10 % et les taux records annoncés le 2 avril pour 50 pays ont dépassé les attentes des analystes. Les produits chinois font désormais face à des droits de 59 %, tandis que le Vietnam, la Thaïlande, l’Indonésie, Taïwan et l’Inde voient leurs droits grimper entre +18,5 et +40,4 points de pourcentage. En comparaison, le Royaume-Uni, Singapour, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite ne subiront que des hausses modérées (+3,4 à +5,6 points).


L’Union européenne fera face à une hausse moyenne de +20 points, portant ses droits à 13,3 %, après exclusions sectorielles. Des accords bilatéraux pourraient réduire ce taux à 11,8 % d’ici le quatrième trimestre 2025.


La Chine a annoncé des droits de douane supplémentaires de +34 points sur toutes les importations américaines, ce qui pourrait entraîner une perte d’exportations annuelle de 64 milliards USD. Une riposte équivalente de l’UE, excluant le gaz naturel liquéfié (GNL), pourrait entraîner une perte annuelle de 26 milliards USD.


Israël, le Vietnam, l’Inde et la Thaïlande, pour ne citer qu’eux, ont quant à eux choisi de baisser leurs droits de douane, de chercher des accords commerciaux ou d’augmenter leurs importations.


À l’image d’un brouillard de guerre, il est difficile de savoir à quoi ressemblera le paysage tarifaire final. Mais le coût de l’incertitude est élevé, car l’arbitrage tarifaire est désormais hors de portée pour la plupart des entreprises – du moins tant que la poussière ne sera pas retombée.


La croissance du PIB mondial chutera à +1,9 %, son niveau le plus bas depuis 2008 ; le commerce mondial de biens entrera en récession (-0,5 % en volume).


Avec une inflation américaine qui devrait culminer à 4,3 % cet été, les banques centrales sont dans une impasse. Les entreprises américaines ont constitué des stocks équivalant à environ six mois de consommation totale. Toutefois, les deux tiers de la hausse des coûts d’importation seront répercutés sur le consommateur.


La récession américaine devrait rester modérée (-0,5 % cumulé entre T1 et T3), avec une faible croissance de +0,8 % en 2025.


L’Europe ne pourra éviter un ralentissement, en raison de restrictions commerciales plus strictes et d’une économie américaine affaiblie, malgré les mesures de relance budgétaire en Allemagne et une augmentation des dépenses de défense. Les prévisions de croissance sont abaissées à +0,8 % en 2025 et +1,5 % en 2026. La BCE devrait baisser ses taux à 1,5 %, soit 50 points de base de moins que prévu.


La Chine devrait intensifier son soutien politique avec au moins 800 milliards de RMB de relance budgétaire supplémentaire (soit 0,6 % du PIB), ce qui permettrait de maintenir une croissance de +4,6 % en 2025 et +4,2 % en 2026.


Avec une récession américaine en perspective, les rendements obligataires et les marchés boursiers ont fortement réagi et devraient continuer à chuter. Les marchés ont commencé à intégrer le risque de récession, avec une chute de 2 à 6 % des principaux indices boursiers mondiaux le premier jour – alors qu’une véritable récession pourrait provoquer une baisse d’au moins 10 points supplémentaires, accompagnée d’un élargissement des spreads de crédit.


Le dollar américain a perdu 1,8 % face à l’euro et à la plupart des autres devises ce même jour, ce qui, combiné à la chute des actions, reflète l’anticipation que les entreprises américaines seront les principales perdantes du "Jour de la libération".Les rendements obligataires gouvernementaux ont également chuté, les craintes de récession surpassant les risques d’inflation. Avec une récession américaine désormais prise comme hypothèse de base, et des taux terminaux plus bas pour la BCE et la Fed que ceux actuellement intégrés par les marchés, les rendements et les indices boursiers pourraient continuer à baisser. Toutefois, le timing exact reste difficile à prévoir, car la volatilité restera élevée au gré des futurs accords commerciaux et contre-mesures tarifaires.


Un grand merci à Ludovic Subran pour cette analyse claire d’une situation aussi complexe qu’instable.


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