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Europe on the rocks : la montée des populismes dans trois scrutins clés

  • alionacoslet
  • 12 sept.
  • 5 min de lecture

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Europe : la montée des populismes dans trois scrutins clés


Les élections récentes en Roumanie, Pologne et Portugal montrent une tendance forte : le populisme de droite gagne du terrain, tandis que la défiance envers les partis traditionnels s’amplifie.


En Roumanie, Nicusor Dan, le président pro-européen sortant l’emporte avec 53,6 % des voix face à George Simion, ultranationaliste et chef du parti AUR, qui récolte 46,4 %. Fondé il y a seulement cinq ans, AUR est désormais la deuxième force au Parlement, un signe fort de rejet des élites. L’économie du pays reste fragile : déficit public prévu à -8,7 % du PIB en 2024, dette publique dépassant les 60 % du PIB d’ici 2027. Cette situation pousse la Roumanie à dépendre fortement des flux de capitaux étrangers, ce qui alimente la volatilité politique et financière.


Au Portugal, le parti d’extrême droite Chega progresse rapidement. Après un quasi-effacement il y a six ans, il pourrait finir deuxième une fois comptabilisés les votes à l’étranger. La droite modérée détient désormais environ deux tiers des sièges parlementaires. Ce renforcement de la droite s’accompagne d’une montée des tensions sociales, dans un pays où la croissance économique reste modérée et les inégalités exacerbées.


En Pologne, le second tour présidentiel du 1er juin oppose le centriste Rafal Trzaskowski au nationaliste Karol Nawrocki, dans un contexte de fragmentation politique intense. Les candidats d’extrême droite ont cumulé plus de 50 % des voix au premier tour, un record. Cependant, l’indice de fragilité politique polonais s’est amélioré récemment, notamment grâce à une baisse de l’aliénation politique.


Sur le plan économique, la Roumanie affiche un léger redressement avec une croissance du PIB de +0,6 % au T1 2025, après seulement +0,1 % au T4 2024. L’industrie repart doucement, mais les pressions sur les finances publiques restent fortes.


  • Les marchés financiers ont réagi vivement. En Roumanie, les rendements des obligations à 10 ans ont grimpé de 100 points de base à 8,5 % lors du premier tour, et la monnaie locale, le leu, a atteint un record de faiblesse à 5,12 contre l’euro.


  • La banque centrale a dû intervenir pour stabiliser la situation. Après la victoire du président pro-UE, les taux sont redescendus à 7,6 %, mais la volatilité persiste.


Ces trois pays bénéficient du plan européen Next Generation EU, qui leur garantit des fonds équivalents à environ 10 % de leur PIB sur la période 2021-2026. Mais l’absorption des fonds progresse lentement, freinant des investissements indispensables.


ICYMI


La finance face à l’urgence de la biodiversité : un virage décisif en marche ?


Les services écosystémiques, comme l’eau propre, les sols fertiles, la pollinisation et la régulation du climat, sont cruciaux pour de nombreuses activités économiques.


L’indicateur de dépendance à la nature mesure l’impact qu’aurait la dégradation de ces services sur l’économie.


  • Aux États-Unis, au Japon et dans l’UE, 10 à 13 % du PIB provient de secteurs dépendants de la nature.


  • Dans des économies émergentes comme l’Indonésie et l’Inde, cette part dépasse les 30 %, en raison de l’importance de l’agriculture et des industries primaires.


La dégradation de la biodiversité et des services écosystémiques entraîne des risques accrus pour l’économie, comme des pertes de productivité et des tensions sociales.


  • Selon l’indice Planète vivante (IPV), les populations mondiales de faune ont chuté de 73 % entre 1970 et 2020.


  • En 2024, l’IPV indique une diminution annuelle moyenne de 2,6 %, soulignant un déclin rapide.


Ce phénomène est largement dû à l’expansion des terres agricoles et à la déforestation. Depuis 1900, les terres cultivées mondiales ont augmenté de 0,9 à 1,6 milliard d’hectares, et les terres de pâturage atteignent 3,3 milliards d’hectares, souvent au détriment des forêts et des zones naturelles.


Inverser cette tendance nécessitera des investissements massifs et une coopération politique sans précédent.


  • Le Cadre mondial de biodiversité de Kunming-Montréal, adopté en 2022, vise à stopper la perte de biodiversité d’ici 2030.


  • En 2023, le financement mondial de la biodiversité a atteint 208 milliards de dollars, largement soutenus par des dépenses publiques domestiques.


Cependant, le déficit de financement pour la biodiversité reste élevé, notamment pour les aires protégées, où l’écart est de 229 milliards de dollars. Ce manque de financement complique la préservation des écosystèmes vitaux.


Pharma US: Make drugs cheap again!


Les dépenses pharmaceutiques par habitant aux États-Unis ont bondi de plus de 54 % en dix ans, plaçant le secteur au cœur des priorités de l’administration Trump pour maîtriser les prix.


  • Bien que la guerre commerciale ne cible pas directement le secteur pharmaceutique, un décret présidentiel du 12 mai exige une baisse des prix des médicaments de 30 à 80 % en 30 jours.


Cette mesure, si elle réussit, entraînera des répercussions mondiales.


  • Les 20 plus grands groupes pharmaceutiques tirent en moyenne 52 % de leurs revenus des États-Unis, qui représentent 41 % de leur clientèle.


  • Les entreprises américaines réalisent 58 % de leur chiffre d’affaires localement, contre 45 % pour leurs homologues européens, soulignant un effet transatlantique potentiel important.


Les coupes pourraient surtout affecter les médicaments de marque, où les écarts de prix sont les plus élevés. Les génériques, déjà sous forte pression concurrentielle et moins rentables, risquent de voir leurs marges encore plus comprimées.


  • Face à cette pression, les grands laboratoires annoncent des investissements colossaux sur le sol américain : Eli Lilly (27 Md$), Johnson & Johnson (55 Md$), Roche (50 Md$), Novartis (23 Md$) et Sanofi (20 Md$) prévoient d’accroître leur production et leur recherche locale d’ici cinq ans. Environ 31 % de leurs sites de production sont déjà basés aux États-Unis.


  • Au-delà des firmes, le système de santé américain, fragmenté et dominé par des assureurs privés, complique la régulation des prix. L’absence de négociation centralisée limite le pouvoir du gouvernement, et les intermédiaires, dits Pharmacy Benefit Managers (PBMs), jouent un rôle clé dans la fixation des prix et la couverture des médicaments.


Enfin, la dépendance aux importations, notamment pour les génériques et certains principes actifs (API), est notable : 95 % de l’ibuprofène et 91 % de l’hydrocortisone consommés aux États-Unis proviennent de Chine, fragilisant la chaîne d’approvisionnement.


T1 2025 : un démarrage solide, des perspectives prudentes


Aux États-Unis, la saison des résultats du premier trimestre 2025 affiche une dynamique robuste.


  • Près de 90 % des entreprises du S&P 500 ont publié leurs chiffres, avec une majorité dépassant les attentes sur la croissance des bénéfices.


  • La progression annuelle des profits atteint +14,6 %, marquant un deuxième trimestre consécutif à deux chiffres, tandis que le chiffre d’affaires moyen progresse de +4,4 %.


  • Les surprises positives restent supérieures à la norme historique, malgré un contexte économique toujours incertain.


Toutefois, les tensions commerciales pèsent lourdement sur les prévisions.


  • Un nombre record de sociétés évoquent les droits de douane comme risque majeur, traduisant les inquiétudes autour des perturbations potentielles des chaînes d’approvisionnement et de la hausse des coûts.


  • Les secteurs technologiques tirent leur épingle du jeu, avec +12 % de croissance des revenus pour les semi-conducteurs et +9,4 % pour les logiciels, portés par l’essor de l’IA et du cloud.


Certains secteurs subissent de fortes baisses : papier (-29 %), textile (-26 %) et énergie (-18 %) enregistrent les plus fortes chutes des bénéfices, impactés par une demande en berne et la faiblesse des prix du pétrole.


En Europe, près de 75 % des entreprises ont communiqué leurs résultats, dépassant majoritairement les attentes avec +2,3 % de croissance annuelle des revenus et +1,9 % pour les bénéfices, pour un deuxième trimestre consécutif de croissance.


  • Le secteur de la défense domine avec +18,6 % de revenus grâce à une demande soutenue, suivi par le textile et l’habillement (+15,8 %) et les semi-conducteurs (+13,8 %).


  • Le transport progresse aussi fortement (+11,9 %), porté par la hausse des tarifs aériens.


Malgré ces performances, les perspectives pour 2025 ont été revues à la baisse de façon significative des deux côtés de l’Atlantique, une tendance inédite depuis trois ans.


Aux États-Unis, la croissance attendue des bénéfices passe de 10,5 % à +8,5 %, en partie contenue par la performance des “Magnificent 7”.


En Europe, la prudence prévaut également, même si la résilience du marché reste notable face aux défis macroéconomiques et géopolitiques.


Merci Ludovic Subran, notre associé et chef économiste et CIO de l’assureur Allianz pour cette analyse.

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